Johnny et les morts by Terry Pratchett

Johnny et les morts by Terry Pratchett

Auteur:Terry Pratchett [Pratchett, Terry]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse, Humour
Éditeur: Pocket Junior
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE VI

Les Copains remontaient la route au pas, parfaitement en cadence.

Aucun n'était vieux. Ils ressemblaient tous à leur photographie.

Mais soudain, Tommy Atkins n'eut plus l'air âgé. Ce fut un jeune homme qui se remit debout, marcha jusqu'au parking et se retourna pour saluer Johnny et les morts.

Puis, au passage des Copains, il s'intercala impeccablement dans l'espace qu'ils lui avaient réservé. Les trente hommes effectuèrent une conversion et s'éloignèrent.

Les morts les suivirent en masse. Ils paraissaient à la fois marcher lentement et se déplacer très vite, si bien qu'en quelques secondes le parking se vida de ses fantômes.

— Il retourne en France, dit Johnny.

Tout à coup, il se sentit joyeux, malgré les larmes qui lui coulaient sur la figure.

Le représentant des Anciens Combattants, qui avait continué de parler, s'arrêta.

— Quoi ? fit-il.

— Tommy Atkins. Il y retourne.

— Comment tu le sais ?

Johnny se rendit compte qu'il avait parlé tout haut.

— Euh... L'homme se détendit.

— J'imagine que c'est la dame du foyer qui te l'a dit, n'est-ce pas ? Il l'a spécifié dans ses dernières volontés. Tu veux un mouchoir ?

— Euh. Non. Ça va, fit Johnny. Oui. Elle me l'a dit.

— Oui, on va le remmener cette semaine. Il nous a donné des coordonnées géographiques. Et très précises.

L'homme tapota la deuxième boîte qu'on lui avait remise et qui, comprit Johnny, devait contenir tout ce qui restait en ce monde d'Atkins, T., en dehors de quelques médailles et de photographies jaunies.

— Qu'est-ce que vous allez faire ? demanda-t-il.

— Juste répandre ses cendres. Nous ferons une petite cérémonie.

— Là où... les Copains sont morts ?

— C'est ça. Il n'arrêtait pas d'en parler, je suis bien placé pour le savoir.

— Monsieur ? L'homme leva les yeux.

— Oui?

— Moi, je m'appelle John Maxwell. Et vous ?

— Atterbury. Ronald Atterbury.

Il tendit le bras. Ils se serrèrent la main, solennels.

— Tu ne serais pas le petit-fils d'Arthur Maxwell ? Il travaillait pour moi à l'usine de bottes.

— Oui. Monsieur ?

— Oui?

Johnny connaissait d'avance la réponse. Il la sentait planer devant lui. Mais il fallait poser la question pour que la réponse existe. Il prit une profonde inspiration.

— Vous êtes de la famille du sergent Atterbury ? Il faisait partie des Copains.

— C'était mon père.

— Oh.

— Je ne l'ai pas connu. Il a épousé ma mère avant de partir à la guerre. Ça arrivait souvent. Ça arrive toujours. Excuse-moi, jeune homme, mais tu ne devrais pas être à l'école ?

— Non, fit Johnny.

— Vraiment ?

— C'est ici que je devais être. Ça, j'en suis sûr et certain. Mais je ferais mieux d'aller à l'école quand même. Merci d'avoir discuté avec moi.

— J'espère que tu n'as pas manqué des cours importants.

— Le cours d'histoire.

— C'est très important, ça.

— J'peux encore vous poser une question ?

— Oui?

— Les médailles de Tommy Atkins. C'était pour quelque chose de spécial ?

— Des médailles de campagne. Les soldats les recevaient, en réalité, uniquement parce qu'ils étaient restés en vie. Et parce qu'ils étaient là. Il a fait toute la guerre, tu sais. Jusqu'au bout.



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